Sur le fan club : Votre 3éme album est sorti le 5 novembre dernier. Vous êtes rentré premiere au top album et votre premier extrait "Tourner ma page" s'est hissé à la troisieme place des classements. Après quelques mois, votre disque est couronné d'un album de platine. Êtes-vous satisfaite de l'accueil reservé à "Lunatique" ? J'ai été très agreablement surprise. Je revenais avec un changement majeur dans l'esprit de ma musique et a dire vrai, j'apprehendais à la fois la reception de mon public et l'accueil des professionnels.En meme temps, j'avais hate que tous ecoutent mes nouvelles chansons et j'avais envie de recueillir les avis de chacun. Ce troisième album est entré dès sa sortie a la première place du top et c'est la premiere fois que ça m'arrive ! C'est incroyable que le conte de fée se poursuive encore aujourd'hui... Je prends avec plaisir ces bons résultats et je les considère avant tout comme des encouragements.
Vous avez pris du temps pour vous et pour la création de ce disque. A t-il été difficile, après la sortie de votre premier opus live, de rompre avec le rythme effrené que commande le monde de la chanson? Non, car j'en avait vraiment besoin, moralement et physiquement. J'ai pris plus de recul et plus de temps pour faire cet album là. En plus, on ne peut pas vraiment dire que je soit resté inactive, dans la mesure où j'ai profité de mon fils et donné du temps à quelques aventures qui me tenaient particulierement à coeur.
Vous êtes partie en voyage au Népal en tant que marraine de l'association Chantal Mauduit Namasté afin de récolter des fonds pour l'alphabétisation de jeunes Népalais défavorisés... Une amie m'avait parler de cette petite association et m'a présenté Mick, son président. Mick avait été l'agent sportif de Chantal Mauduit. Il m'a parlé d'elle, de son amour pour la vie, de son amour pour ce pays et ces enfants. J'ai lu son livre et vu le reportage qu'on lui avait consacré il y a quelques années. J'ai été conquise par son engagement et ses choix de vie. L'association m'a proposé de devenir marraine et j'ai accepté.Nous avons, pour l'instant, 160 enfants scolarisés... et c'est deja 80% de plus qu'il ya deux ans ! Mais l'argent manque toujours et je doute que nous trouvions tout de suite les fonds pour l'acheter la nouvelle école dont nous aurions besoin. Il nous faut encore et toujours récolter des fonds pour le loyer des batîments, le faire vivre et nourir tout le monde.
Quelles images conservez-vous de ce periple humanitaire ? Mon premier voyage à Katmandou ne s'est pas déroulé dans une periode très sereine. Une guerre civile courait, le peuple n'en pouvait plus de cette dictature écrasante. Le Népal est l'un des pays les plus pauvre du monde, ce qui n'arrange rien. Nous sommes donc essentiellement restés basés à l'école avec les enfants ce qui, après tout, était le but du jeu. Bien sûr, la barriere de la langue aurait pu être un problème, mais mon anglais rudimentaire a suffi. Les gestes et les attentions sont parfois plus parlants que bien des mots.
Plus près de nous, vous êtes une des artistes les plus actives pour l'association Rêves et n'hésitez pas à participer chaque année aux soirés des enfants de la terre et au spectacle des Enfoirés. Entre votre 2ème et votre 3ème opus, vous avez donné de la voix pour les victimes du tsunami, ainsi que sur la chanson phares de l'Amade. N 'est-ce pas la moindre des choses que d'user de sa notoriété à cet escient ? Je suis issue d'un mileiu modeste, où l'engagament auprès de ceux qui souffrent est un devoir. Pour moi, ca coule de source et ca c'est jamais forcé. De plus, ce n'est pas un engagement très lourd que de donner de son temps ou un peu d'argent pour soutenir l'action des bénévoles de toutes ses associations. C'est une marque de respect pour leur travail et le temps qu'ils offrent. C'est sans doute facile et convenu de dire ca, mais c'est aussi un exutoire, une façon légitime et honarable pour tenter de rentre un peu de l'amour que je reçois.
Le plus evident dans "Lunatique" est l'importance accrue de votre investissement a tous les niveaux de la création. Le temps passant, on a envie de proposer une image plus conforme à ce que l'on est vraiment. Je me suis nettement plus investie dans mon élaboration car j'avais envie de me sentir libre. Je voulais me concentrer sur des textes et des musiques qui me ressemblaient. Je bouillonnais d'idées. J'avais envie d'un changement dans ma façon d'apprehender l'enregistrement, j'avais envie d'une autre formation sur scène, j'avais envie de cuivres, j'avais envie d'un son plus chaud. J'ai passé énormement de temps en studio à chercher, pour aboutir à un métissage de sonorités que je n'aurais jamais imaginé avoir un jour à mon répertoire. Pour cela, j'ai fait confiance à Maxim Nucci, dont j'admirais depuis longtemps le talent de musicien. Il se trouve qu'il est le père de mon fils et qu'il a été mon compagnon pendant plusieurs années, et je n'ai donc pas cherché a travailler avec quelqu'un d'autre puisque j'avais un talent exceptionnel a la maison ! Cette fois ci, j'ai vraiment bossé avec des gens choisis au coup de coeur. Nous formions tous ensemble un cocon familial. Quelques amis artistes dont je suis fan sont aussi venus nous donner des coups de mains, des coups de pousses ou faire des clins d'yeux. Que demander de plus ?
Maxim, en tant qu'arrangeur et réalisateur, avait déja travaillé sur votre 2ème album "Le passage"... Oui, mais il ne s'agissait que d'une légère intervention. La réalisation du 2ème album avait été entre coupée de différentes étapes. Pour le 3ème, c'est complétement différent et Maxim a su donner naissance à des musiques qui me correspondaient. Cette fois, il signe toutes les musiques, il a trouvé les arrangements et réalisé l'album entièrement. Je me suis laissé guider, même si nous avons cosigné quelques compositions. J'avais besoin de lui faire confiance. J'étais très admiratives de son univers et je l'ai pas choisi parce que c'était mon mec ! J'ose croire que lui aussi avait envie de m'embarquer vers un "ailleurs" dont on construirait les contours ensembles.
Vous retrouvez vous plus aisement dans les morceaux du deuxieme album qu'il avait réalisé "Le passage" "Ose" "De vous a moi" et "Serre-moi" ? Oui, j'étais déjà plus à l'aise à l'epoque sur ses arrangements. Je suis toujours étonnée par la capacité d'écoute de Maxim. C'est un véritable caméléon qui réussit chaque fois à s'adapter à differents projets. Il me tarde que le public puisse enfin découvrir comme il se doit son propre travail. Il fonctionne au feeling. Autant dire qu'à certains moments de son parcours, il aurait pu accepter de nombreuses opportunités et, simplement par facilité, accoler son nom à des productions calibrés susceptibles de cartonner. Il a toujours refusé les compromissions et je respecte énormément son intégrité artistique. Quand on a décidé de travailler ensemble, c'était juste une evidence.
Justement la production de "Lunatique" est influencée par Barry White, Marvin Gaye ou thr temptation. Maxim vous a t-il fait découvrir la musique noire ? Non, je connaissais bien sur ces références avant de le rencontrer. Mon enfance a été bercé par la musique qu'écoutait mon père. A la maison on passait souvent de la Motown et les disques de Stevie Wonder, Prince, James Brown ou les Beattles. Certes, Maxim a une culture plus vaste que la mienne et m'a énormement appris. J'ai surtout appris à ses cotés à ecouter un disque, décortiquer une musique et reconnaitre une harmonie. Je me suis plongée dans le repertoire complet de certains artistes de légendes, Herbie Hnacock ou Meshelle N'Degeocello. J'ai pris confiance en moi et essayé d'aborder sans prétention un son plus rond, un peu moins blanc et aseptisé que celui qu'on me connaissait jusqu'à présent. Je voulais quelque chose de plus funky et de plus soul. Ce n'est pas à moi de dire si nous y sommes parvenus, mais j'ai fait de mon mieux, avec mes armes. Inutiles de précisez que je n'ai pas la voix de Janis Joplin, je le sais bien. En plus, je chante en français, qui n'est pas la langue idéale quand on désire se diriger vers les teintes soul ou R&B... mais Maxim a réussi à trouver un équilibre sonore dans lequel je me sens bien, avec de nombreux clins d'yeux. Ce disque est fidèle aux sons que j'aime, c'est vraiment un album sans concession.
On a pu voir Maxim présenter son projet acoustique Yodelice en premiere partie de Vanessa Paradis en decembre dernier... Oui c'est une vrai chance qu'il est pu defendre ses chansons en ouverture de ces concerts. Un coup de pouce de l'ami Mathieu ! Je le préfere à tous les projets qu'il a pu avoir. Il se trouve sur scène en guitare voix, seulement accompagné d'un violoncelliste. Ses chansons donnent la chaire de poule et, même si ses autres projets etaient de bon gout, je le trouve plus touchant. Il n'a pas besoin d'artifices autour de lui...
"Lunatique" tendrait à prouver que vous non plus ? Je l'espère (rires)... mais je ne dis pas pour autant que mes deux premiers albums ne me ressemblent pas ou que je ne les assume pas. Au fur et a mesure, je crois avoir reussi à me trouver. Après avoir remporter la "Star Ac'", je ne savais pas ce que je voulais faire. J'etais si contente de sortir mon premier disque que je me suis laissé porter par les évenements avec bonheur, et aussi avec une certaine nonchalance.
Avant même la fin de l'émission, les bruits de couloirs annoncaient que le disque du gagnant etait deja prêt. Aviez-vous pu choisir les chansons de votre premier album, sorti en mars 2002, trois mois à peine après votre victoire ? Je n'ai chanter que des titres que j'avais choisi. On ne m'a jamais rien imposé, mais je dois avouer n'avoir pris aucune initiative. A l'époque je n'avais ni l'envie ni le culot de prendre la parole. Peu importe ce que je choississais de chanter, je ne pensais qu'a une chose : jouer des personnages et faire de la scène. J'étais encore une adolescente. Je n'étais pas musicenne, juste interprète. Ma passion ne suffisait pas à tout maitriser. Et après tout, quel style aurais je bien pu imposer ? Je ne le savais pas moi même ! A 7 ans, je chantais "
Millord" d'Edith Piaf avec un pianiste dans le restaurant de mon village en Corse et trois ans plus tard, j'étais en première partie d'un gala de C.Jerome... Autant dire que je faisais le grand ecart ! Ce n'était pas en ayant écumé les bars et les bals du sud de la France avec des reprises que j'aurais pu definir mon style en un rien de temps.
Sous pretexte que vous avez gagné jeune un télé crochet, les médias passent souvent sous silence vos années d'apprentissage sur la cote d'azur. Inconsciemment, vouliez-vous suivre les pas de votre mère, qui était chanteuse d'orchestre ? J'avais un exemple à travers elle, mais la musique a toujours été une histoire de famille. Toute petite, je me souviens avoir entendu du Gainsbourg, du Piaf, du Brel et du Ferré, et ma grand mère tenait à ce que je connaisse aussi la musique de son île et de la mediterranée. Elle chantait et jouait du flamenco et des chants corses. Mon grand-père paternel était d'ailleurs un grand flamenquiste. Finalement, chacune s'etait construite son petit univers musical et c'est ce que moi aussi j'ai tenter de faire en enregistrant "
Lunatique". A force de temps et de patience, j'ai appris a me servir d'un studio et je me suis mise a composer. J'avais deja quelques melodies en tête, mais je n'avais jamais osé faire écouter quoique ce soit a quiconque...
Vous avez cosigné quatres musiques de "Lunatique".Avez-vous eu peur de vous mettre a composer ? Je ne savais pas si j'avais le talent. Je créais bien quelques melodies de voix par ci par la, ou je proposais des debuts d'idées, mais tout cela restait souvent au stade d'ebauche... Je sais jouer quelques accords, en tout cas suffisamment pour avancer sur certains harmonies. Les gens autour de moi me poussent a composer et a me mettre plus serieusement a la guitare, mais je suis encore très scolaire dans mon jeu, et je me sens encore un peu limité sans aide exterieure.
Cet album aurait-il été le même si vous n'aviez pas enregistré dans le studio Skyman, au coeur de paris ? Non, car on profité d'un lieu familial pour faire un album en famille. Ce studio, c'etait un peu notre deuxieme maison. Maxim l'a installé avec un de ses amis d'enfance, Aurélien, qui n'a rien a voir avec l'industrie du disque, mais qui adore la musique. La majorité des compositions sont nées de boeuf entre mis dans ce studio. On a continué sur notre lancée et enregistré avec notre ami ingénieur du son, Xavier Caux. Un soir, ils se sont mis a jouer ensemble et ils composé la musique de "Si c'est une ile" en se basant sur un texte de David Verlant. Je suis très fier que Xavier apparaisse sur l'album en tant que technicien et compositeur. Il a monté un groupe de rock que j'espère aller applaudir très bientot avec leurs nouvelles chansons.
"Nos futurs" affiche un line up prestigieux avec en exclusivité le guitariste Guillaume Canet, qui n'a meme pas joué sur la BO de son propre film "Ne le dis à personne" on l'avait déjà aperçu sur Paris première aux cotés de Maxim et de Maidi Roth, pour une version acoustique de "Creep" de Radiohead... Ils font partie de la même bande de potes. Et Guillaume commence à devenir multi instrumentaliste monsieur ! Je l'admire énormement en tant qu'acteur et en tant que réalisateur, mais aussi un musicien extrémement touchant. Avec sa guitare, il delivre un plan de sa personnalité moins connu du grand public et je suis d'autant plus contente qu'il ait accepté de se mettre ainsi à nu dans mon album. Il passait souvent voir Max au studio. On lui faisait écouter les morceaux et il a "suivi" l'évolution des maquettes. Un soir, on lui a demandé s'il voulait jouer sur un titre et il a accepté. Quant a Mathieu Chedid, c'est aussi une grande chance et un beau cadeau qu'il m'a fait ! Maxim était platré après un accident de moto et on lui a demandé de nous aider. Il a finalement posé des guitare sur quelques chansons et a toujours été attentif à apporter un petit plus au titre. Comme si la participation de M a un morceau ne changeait rien ?!
Vous avez dit avoir "retrouvé la notion de plaisir" durant l'enregistrement de l'album "Lunatique". L'aviez-vous perdue ? Non, mais je ne m'étonnais plus de rien. Cette fois, j'ai redecouvert les étapes de la création. Mon premier album a été enregistré en 3 semaines. J'étais prise dans le tourbillion d'euphorie. J'ai adoré cette periode de ma vie et j'en ai bien profité. Tout s'est enchainé : la promotion, une tournée fatiguante, des Olympia en tete d'affiche et ma grossesse. Quand on a commencé à preparer mon deuxieme album, je savais que la priorité des priorités serait mon bébé. Je m'était dechargée au maximum et je ne me suis pas reellement investie dans "
Le passage", même si j'avais pris plus de temps pour le faire que le premier. Mais ce n'etait pas bien difficile. "
Lunatique" est mon premier disque d'enie, un vrai travail de sincerité et de coeur. J'avais besoin de rencontrer chacune des personnes qui allaient travailler pour moi et voir dans leurs yeux s'il se passait quelque chose entre nous. Si je n'avais pas detecté de falme chez l'un d'entre eux, ou si j'avais senti qu'ils acceptaient le job juste pour le contrat, je n'aurais pas bossé avec eux... Franchement le name-dropping a la con, très peu pour moi !
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![[MAJ P.1]Nouveau livre à paraître, Jenifer Instant Mag2 682543-826186](https://2img.net/h/www.infosjeunes.com/photo/682543-826186.jpg)
